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Published 22 janvier 2015

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L’Afrique du Sud confirme que 2014 a été la pire année en matière de braconnage des rhinocéros

Afrique du Sud, le 22 janvier2015 - Les chiffres officiels publiés aujourd’hui par l’Afrique du Sud confirment que 2014 a été la pire année en matière de braconnage de l’espèce. Un total de 1215 rhinos y ont été braconnés en 2014, soit une moyenne de plus de trois animaux par jour ou 100 par mois.


Rhinocéros noir tué © Patrouille antibra connage 

 Ces derniers chiffres illustrent la gravité de la crise, avec une augmentation substantielle ces sept dernières années. Le nombre d’individus tués est préoccupant. Leur population en Afrique du Sud, pour la première fois en presque un siècle, est en déclin.

Pourtant, des supports ont été déployés cette année : plus de rangers ont été affectés et des équipements récents ont été employés. Malgré ces mesures, la situation continue à se détériorer.

Dans le monde, des déclarations audacieuses d'un certain nombre de hautes personnalités gouvernementales ont été faites au cours de l’année passée pour demander plus d'actions et de ressources afin de gérer le problème global du braconnage.

Cependant, l’Afrique du Sud – l’épicentre de la guerre actuelle pour le rhino – a brillé par son absence à la « Déclaration de Londres », engagement international pris en février 2014 par la majorité des pays impactés par crise mondiale liée au braconnage, afin de prendre des actions pour gérer la situation.

 « Le manque de volonté politique forte et d’une gestion active des responsables du gouvernement, le Mozambique voisin ainsi que des pays Asiatiques clés, demeurent un obstacle à l'inversement de la situation » a déclaré David Newton, Directeur de TRAFFIC en Afrique de l'Est et du Sud.

En mars, cette année, une réunion de suivi aura lieu à Kasane au Botswana, afin de rendre compte des progrès faits depuis  les engagements de la « Déclaration de Londres ». Elle permettra également à l’Afrique du Sud de montrer une implication identique à travers cette initiative.

Les raisons pour lesquelles le braconnage des rhinocéros continue sont complexes, mais elles semblent inclure un mélange de corruption, de conflits institutionnels internes et de retards dans les traitements judiciaires des poursuites.

Les services de police d’Afrique du Sud, et plus particulièrement  les «  Hawks », agence clé s’occupant de gérer les crimes liés à la nature dans le pays, ont eu à faire face à de récents bouleversements suite à la suspension de nombreux officiers hauts gradés. Cet épisode a mené à un abaissement de la vigilance des unités dans la lutte contre la crise du braconnage.

Le parc national Kruger, le plus grand habitat national de rhinocéros, a été particulièrement touché. 827 rhinos y ont été braconnés en 2014. Le parc de 20 000 hectares a des frontières ouvertes avec le Mozambique, d'où les braconniers opèrent avec une apparente impunité et une peur minime des arrestations ou des poursuites de la part des autorités. Cependant, il ne semble pas que ce facteur soit le seul à prendre en compte car plusieurs rangers du parc Kruger ont été arrêtés l'an dernier suite à leurs liens avec des incidents de braconnage au sein du parc.

Dans le même temps, d'autres événements pointent divers problèmes au sein du système. Des arrestations de gangs de braconniers et de leurs meneurs ainsi que leur procès ont été largement médiatisés. Un cas très célèbre dure d’ailleurs depuis maintenant plus de 4 ans. Le chef présumé a été lié le mois dernier à un gang de 16 personnes arrêtées en République Tchèque. Elles sont suspectées d'être impliquées dans un trafic international de cornes de rhinocéros, vendues en guise de trophées de chasse de l'Afrique du Sud vers le Vietnam.

En octobre 2014, les autorités américaines prononçaient la même inculpation pour le même individu ainsi que son frère pour de multiples charges, telles que conspiration, blanchiment d'argent et crime contre les espèces sauvages. Ils sont en attente d'extradition vers les Etats-Unis pour répondre de leurs crimes.

L'année 2015 est critique pour la population de rhinos en Afrique du Sud. La situation concernant le braconnage reste sombre, avec de nombreux efforts louables malheureusement minés par des conflits internes et une dynamique commerciale internationale qui va au-delà du champ d’action de l'Afrique du Sud.

« Une autre année telle que 2014 rendra difficile d'envisager une conservation positive des rhinocéros Sud-Africains » clame Tom Milliken, Responsable du Programme TRAFFIC Eléphants et Rhinocéros.

 « Nous faisons face actuellement à une question de vie ou de mort »