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Published 25 juin 2015

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Les experts appellent l'UE à reconnaître le rôle-clé des communautés dans la conservation et la protection des espèces sauvages

Bruxelles, Belgique, le 25 Juin 2015 – Les experts internationaux ont appelé les décideurs européens à reconnaître le rôle central des communautés locales dans la promotion de la conservation de la vie sauvage, y compris le combat contre le braconnage, dans leurs stratégies et leurs plans d'actions à venir.


Roland Melisch, Directeur Senior des régions Afrique et Europe (à droite) a représenté TRAFFIC au sein du panel d'experts

Des députés européens appartenant au groupe de travail sur les espèces sauvages, dont Pavel Poc, se sont réunis le 22 juin dernier à Bruxelles pour discuter du rôle des communautés locales dans la lutte contre le commerce illégal de la faune et la flore sauvages, aspect auquel il n'est pas accordé suffisamment d’importance par rapport aux approches verticales comme l'application de la Loi et la réduction de la demande de produits illégaux.

« Les communautés locales, en première ligne face aux criminels, peuvent être des partenaires puissants et positifs dans la lutte contre le braconnage. Nous devons adopter des approches qui reconnaissent leurs besoins et permettent de gagner leur soutien pour la conservation des espèces sauvages », a déclaré Rosie Cooney, Présidente du groupe d’experts de l'UICN en charge des modes de vie et de consommation durables (SULi).

Des experts mondiaux se sont réunis en Février 2015, en Afrique du Sud, pour partager leurs expériences relatives à l’implication des communautés locales dans la lutte contre l'utilisation illégale et le commerce illégal des espèces sauvages. Certains de ces experts sont allés présenter au Parlement européen des expériences positives à l’occasion desquelles les populations locales ont été impliquées dans la lutte contre le braconnage.

Susan Canney, du projet Eléphant du Mali, et Rodgers Lubilo, du Collège sud-africain sur les espèces sauvages, ont mis en lumière des études de cas de lutte contre le braconnage qui n’auraient pas été possibles sans l'engagement des communautés locales. Les communautés locales, qui vivent à proximité de la faune et de la flore sauvages, sont les mieux à même d’identifier les braconniers. Si elles sont impliquées au quotidien et y sont habilitées par les autorités, les communautés peuvent être les «yeux et les oreilles» de la lutte anti-braconnage, et travailler en étroite collaboration avec les forces armées pour endiguer la menace du braconnage et du commerce illégal.

« Les populations locales sauront protéger les espèces sauvages si elles les possèdent et ont accès à elles. Dans certaines parties de l'Afrique australe, la chasse au trophée, et la distribution des revenus générés par elle, ont été des facteurs essentiels du changement d’attitude des communautés locales vis-à-vis de la faune sauvage. Il faudrait donc qu’elles conservent 100% des revenus et soient en mesure de faire leurs propres choix : la faune sauvage, l'argent et les emplois vont de pair », a déclaré Rodgers Lubilo. Lui-même a grandi dans un village rural de Zambie et il comprend donc parfaitement les pressions auxquelles font face les communautés qui vivent avec la faune sauvage.

« Le Kenya est en train de perdre sa faune sauvage à un rythme de 4% par an et perd des habitats pour les espèces sauvages au profit de l'expansion des terres agricoles à un rythme de 8% par an, ce qui signifie qu'il n'y aura plus d'espace pour la flore et la faune sauvages à l'avenir à moins que leur valeur ne soit reconnue par des approches telles que la valorisation monétaire des services rendus par les écosystèmes », a déclaré Calvin Cottar, de la société kényane Cottar’s Safaris, l’un des principaux opérateurs dans l'écotourisme.

Les communautés pauvres sont vulnérables aux pressions économiques, et peuvent être fortement incitées à se livrer au braconnage ou à fournir gîte, couvert et renseignements aux criminels. Il est donc crucial de faire respecter leurs droits et de renforcer leurs responsabilités dans la gestion des espèces sauvages. Il faut aussi favoriser les moyens pour que les communautés locales bénéficient de la conservation des espèces sauvages, par exemple par des intéressements plus élevés à l’activité de tourisme et la chasse au trophée.

Pavel Poc, député européen et président de l'Intergroupe du PE sur « les changements climatiques, la biodiversité et le développement durable », a organisé cette réunion en collaboration avec le groupe d’experts de l’UICN sur les modes de vie et de consommation durables (SULi), TRAFFIC, l'Institut international pour l'environnement et le développement (IIED), et le Bureau européen pour la conservation et le développement (EBCD).