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Published 13 avril 2010

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Hausse de la demande de grenouille en Afrique de l'ouest

Cambridge, UK, 13 Avril 2010— la demande en grenouille pour la consommation humaine est en nette progression dans certaines régions de l’Afrique de l’Ouest, selon l’article publié dans le dernier « TRAFFIC Bulletin. » 


Le dernier “TRAFFIC Bulletin” porte sur des recherches sur le commerce du tigre africain et de certaines espèces de grenouilles, consommées par les populations d’Afrique de l’Ouest © Meike Mohneke 

Au Bénin et au Nigéria, des grenouilles sont transportées au sud-ouest du Nigéria  pour être vendues par des paysans. Trente deux d’entre eux ont rapportés avoir vendus environ 2.7 millions de grenouilles par an, provenant le plus souvent des régions de savane du nord du Nigéria, du Bénin, du Tchad et du Niger voisin.

L’article intitulé : « Secs ou frits : les amphibiens sur le marché local et régional de l’alimentation en Afrique de l'ouest », décrit le commerce des grenouilles au Burkina Faso, au Bénin et au Nigéria, basés sur des entretiens avec des pêcheurs, des collecteurs, des commerçants locaux du marché et d'autres acteurs impliqués dans ce commerce. 

Au Burkina Faso, presque toutes les grenouilles récoltées ont été consommées localement. Après le tigre africain, la grenouille Hoplobatrachus occipitalis, est l’espèce la  plus couramment consommée. Des grenouilles sont habituellement vendues par des commerçants déjà frites. Les villageois de la région de Ganzourgou eux, consomment également des crapauds, qui sont d'abord pelés, dépecés, lavés et séchés afin d’en extraire le poison contenu dans leur peau.

A Malanville, au Bénin, les grenouilles sont rassemblées exclusivement pour le marché nigérien.  Beaucoup de pêcheurs ce sont récemment reconvertis à la capture des grenouilles, non à cause d’un profit élevé, mais surtout parce que ce commerce peut être opéré sous cape, et générer une somme forfaitaire de revenu, aux alentours de USD20 par sac. Un nombre important de collecteurs du Nigéria viennent se ravitailler dans ce marché. Les auteurs ont accompagné une équipe forte de 30 personnes, qui ont capturé  450.000 (450 sacs pleins) de grenouilles lors d’un séjour de deux mois. 

Au Burkina Faso, les grenouilles sont souvent attrapées à la main ou avec des filets, mais au Bénin, des pièges spéciaux à grenouille sont installés ou on utilise des torches pour les détecter dans la nuit grâce à l’éclat de leurs yeux, avant d’être assommées à la tête, à l‘aide d’un bâton en bois. 

Il y a maintenant des indicateurs que le commerce de grenouilles  est pratiqué de façon non durable dans certaines régions; Au Burkina Faso, les communautés locales ont raconté que les volumes capturés ont été réduits, bien que l’on ne sache pas, si cela est du à la surexploitation, la détérioration de l'habitat ou d'autres facteurs. on a des rapports semblables provenant de la région de l’Ouest au Cameroun, ou de l’Est du Nigéria, où même des têtards sont capturés pour l’alimentation. 

Tandis que les grenouilles sont clairement une source importante de protéine animale dans la région, il n’existe actuellement aucune règlementation dans aucun pays d’Afrique Sub saharienne régissant l’exploitation de cette espèce.

Les grenouilles sont très importantes pour l’équilibre éco systémique : en Inde, par exemple, le traitement et l'exportation des grenouilles ont été interdits en raison de leur rôle dans la lutte contre les parasites agricoles et nombre de moustiques, les populations de grenouille ont en grande partie atteint leurs volumes numériques d’antan et les l’importations des insecticides ont chuté de 40%.

Les auteurs proposent  que des recherches sur la domestication des espèces phares, comme la grenouille et le tigre africain soient menées- afin de préserver les populations sauvages et procurer une source locale de revenu. Toutefois, les inconvénients potentiels ne sont pas inexistants, et on peut ainsi penser, à une réduction des revenus des villageois non agriculteurs, une surexploitation et une pollution des terres à l’usage des fermes, des maladies et des risques sanitaires de tout ordre.

« Secs ou frits : les amphibiens sur le marché local et régional de l’alimentation en Afrique de l'ouest »  est un article de M. Mohneke, A.B. Onadeko, M. Hirschfeld et M.-O. Rödel,  qui peut être téléchargé comme une partie du dernier TRAFFIC Bulletin— le seul journal scientifique dédié au commerce des espèces sauvages. Dans lequel on retrouve aussi, d'autres questions sur les thématiques telles que les recherches sur le commerce de viande sauvage en Afrique de l’Ouest et le commerce illicite de l’ivoire en  en Ethiopie. Le bulletin est également disponible, en accès libre-ou à la demande.