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Published 16 octobre 2009

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Nouvelle alerte au sujet de la croissance du commerce de viande de brousse de l'Afrique centrale

Cambridge, UK, 16 Octobre 2009—les nouvelles techniques d'analyses ont démontré que l'échelle du commerce de viande de brousse en Afrique centrale peut être beaucoup plus grande que l'on ne l'avait pensé à l'origine, selon une étude publiée aujourd'hui par le TRAFFIC, le réseau de surveillance du commerce de faune et de flore sauvages.


Le marché de viande de brousse, Makokou, Gabon. © Natalie van Vliet / TRAFFIC

L'étude, basée sur une analyse des habitudes alimentaires et menée par le Programme pour  alimentation et l'agriculture de l'ONU a produit une base de données statistiques « FAOSTAT » et atteste fortement que la chasse locale de viande de brousse est menée de façon non durable dans les forêts tropicales d'Afrique Centrale. Selon cette analyse, l'extraction de viande de brousse a considérablement augmenté dans le bassin du Congo entre 1990 et 2005, en dépit de la diminution globale du couvert  forestier en Afrique centrale.

Le Cameroun semble dépasser-de plus de 100% le quota d'utilisation durable prévue, soit 150 kilogrammes de viande de gibier par kilomètre carré de forêt, le Gabon et la République du Congo sont tous deux près de cette limite. La plus grande élévation de la production de viande de brousse a été enregistrée en  République Démocratique du Congo, où le rendement a progressé de 78.000 tonnes en 1990 à 90.000 tonnes en 2005. En République du Congo, la production presque a doublé, de 11.000 à 20.000 tonnes par an pendant la même période de temps.

 « Tandis que les données de viande de brousse de FAOSTAT sont probablement sous-estimées et devraient être considérées avec prudence, il faut dire, qu'elles représentent une source d'information officielle et la plus facilement disponibles et accessible  sur la production de la viande sauvage dans le bassin du Congo et sont les indicateurs viables de la production de viande de brousse et des tendances de consommation, » a déclaré Stefan Ziegler, le chef de programme WWF Allemagne, et l'auteur du rapport.

La faune est la plus directe source de protéines pour plus de 34 millions de personnes vivant dans le bassin du Congo et la chasse de viande de brousse est une composante clé du bien-être de beaucoup de peuples d'Afrique centrale.

Des études plus récentes ont démontré que l'extraction de viande de brousse augmente avec la croissance démographique humaine. Cependant, la dernière étude constate que la consommation de viande de brousse augmente de manière significative avec l'amélioration du pouvoir d'achat aussi.

Pour Ziegler, la « consommation de viande de brousse est plus forte dans les pays  à grande population urbaine, et l'urbanisation croissante dans la région du Congo est susceptible d'induire encore une plus grande pression sur les populations animaux sauvages, ».

 « Le danger d'une utilisation non durable des espèces sauvages conduira à un effondrement des populations d'animaux sauvages et une grande famine des populations dans la région.» a indiqué Ziegler.

Les niveaux de chasse non durable sont la menace la plus immédiate pour les mammifères de la forêt de cette région.

Pour Nathalie van Vliet, conseiller stratégique de viande de brousse à TRAFFIC « Les communautés locales ont chassé pendant des siècles, pour l'alimentation et pour le commerce. Mais ces 20 dernières années ont vu l'explosion d un commerce de viande de brousse florissant, alimenté par les communautés rurales, qui sont de plus en plus attirées par l'appât du gain.».

« Les impacts de la chasse de subsistance ont été précédemment équilibrés par le fait que la chasse était faite sur un système de rotation, alternant diverses zones forestières. Cependant, les variations dans la dynamique de population humaine et les facteurs socio-économiques ont entrainé une croissance de ce phénomène, liée à des exigences de plus en plus non durables vis-à-vis des animaux sauvages. »

Une étude récente de WCS a constaté que la chasse commerciale au Sud-est Cameroun était dix fois plus élevée par chasseur immigré que pour les chasseurs locaux.

« Ce qui est clair est que les stratégies de gestion pour empêcher une surexploitation  ont besoin d'être mises en œuvre afin de fournir  des sources alternatives de protéines aux populations locales.»

Toutefois, l'étude a également souligné que le développement de la production animale peut ne pas être une solution idéale pour d'apport en protéine en remplacement de la viande de gibier.

Une L'étude sur des bilans alimentaire afin d'évaluer le taux de commerce de viande de brousse de l'Afrique centrale, a été publiée ce jour, lors de la réunion sur la convention sur la biodiversité biologique, organisée par le groupe de liaison de la viande de brousse qui a lieu actuellement à Buenos Aires,  en Argentine.

Suite aux résultats de l'étude, TRAFFIC invite les pays d'Afrique Centrale à redoubler leurs efforts d'application de la loi et à mettre sur pied des mécanismes concrets de surveillance, visant à limiter la contrebande des animaux sauvages à des fins commerciales. « Les pays d'Afrique Centrale peuvent coopérer pour la résolution de ce problème croissant par le développement d'un plan sous-régional d'application de la loi et créer une émulation politique afin de combattre le braconnage commercial de la viande de brousse dans la sous-région et le présenter au prochain sommet de Yaoundé +10. » a dit Germain Ngandjui, le Chef de Programme TRAFFIC Afrique Centrale.

Le rapportApplication of food balance sheets to assess the scale of the bushmeat trade in Central Africa