TRAFFIC Logo

 

Published 20 avril 2015

  English 

Lutter contre le trafic d’ivoire grâce au renforcement des capacités en Afrique Centrale

Limbe, Cameroun, 9 avril 2015 — Les agents des forces de l’ordre en charge de la faune et de la flore sauvages, ainsi que d’autres organismes chargés de l’application de la loi, notamment la police, les douanes, la gendarmerie et des magistrats de cinq pays appartenant à la commission Forêts d’Afrique Centrale – Cameroun, Gabon, RCA, Congo et RDC – ont participé à un atelier de trois jours, du 7 au 9 avril derniers, à Limbe, dans la région Sud-Ouest du Cameroun. L’objectif était d’améliorer et de renforcer leurs capacités dans la lutte contre les crimes à l’encontre de la faune sauvage en Afrique Centrale.


Participants à l’atelier « Renforcement des capacités » d’ETIS. © TRAFFIC

Cette formation visait à améliorer les compétences des agents des forces de l’ordre des cinq pays dans l’utilisation du système d’information de la CITES sur le commerce d’éléphant, ETIS. ETIS est la base de données la plus aboutie concernant les saisies d’ivoire et elle est gérée par TRAFFIC pour le compte des Parties de la CITES (Convention Internationale sur le commerce des espèces de faune et de flore menacées d’extinction).

Soulignons que quatre des cinq pays participants (le Cameroun, le Congo, la RDC et le Gabon) ont été identifiés comme étant de préoccupation secondaire, d’après l’analyse ETIS qui a été présentée au Comité Permanent de la CITES. Ce dernier avait demandé à ce que soit clarifiée la mise en œuvre des clauses de la CITES concernant la régulation du commerce d’ivoire et les marchés qui servent de débouchés à cet ivoire.

Lors de la cérémonie d’ouverture de l’atelier, le Directeur Régional de TRAFFIC pour l’Afrique Centrale a indiqué que « la qualité des données collectées pour une utilisation dans le cadre d’ETIS est très importante car c’est en fonction des résultats d’ETIS que la CITES prend les décisions qui impactent les pays étant parties à la convention ».

M. Samuel Eben Ebai délégué régional pour la forêt et faune de la région du Sud-Ouest du Cameroun, a pour sa part déclaré : « Une telle formation, visant à permettre de mieux lutter contre les crimes qui portent atteinte à la vie sauvage, est une part importante de la mission de notre personnel ».

L’atelier a commencé par un test des connaissances des participants sur ETIS, CITES et PAPECALF (Plan d’Action sous régional des Pays de l’Espace COMIFAC pour le Renforcement de l’Application des Législations Nationales sur la faune sauvage) 2012-2017. Résultat : 74% des participants n’avaient jamais rempli un formulaire ETIS, 76% ne

connaissaient pas PAPECALF et 7% n’avaient aucune notion de ce qu’est la CITES avant l’atelier.

Après une évocation rapide des trafics de la faune et de la flore sauvages, des activités criminelles et de leur impact tant sur la biodiversité que sur les hommes, l’atelier a mis l’accent sur le commerce illégal de parties d’éléphant – essentiellement l’ivoire – qui est au cœur du débat sur la vie sauvage en Afrique Centrale. Après avoir rafraîchi la mémoire des participants sur la CITES, et après une présentation des analyses les plus récentes menées grâce à ETIS, pour qu’ils saisissent mieux l’ampleur du commerce d’ivoire et de parties d’éléphant, plusieurs insuffisances dans le recueil des données ont été identifiées. Les participants ont pour la plupart été surpris de ces insuffisances de la part des différents pays.

L’atelier a mis l’accent sur le type de données qu’il convient de collecter et la façon de procéder. Des études de cas étaient jointes aux présentations afin de tester la compréhension des participants. La transmission des données a également été abordée. Au terme de la présentation de la situation actuelle dans chacun des pays, les participants ont défini ensemble l’approche de transmission des données paraissant la plus pertinente, dans l’espoir de promouvoir l’appropriation d’ETIS par leurs pays respectifs. Les 46 participants ont émis des recommandations parmi lesquelles : la nécessité pour TRAFFIC d’organiser davantage d’ateliers au niveau national pour impliquer un plus grand nombre de personnes chargées de faire appliquer la loi, et la nécessité pour les participants de plaider en faveur de la mise en place à tous les niveaux de la chaîne de transmission des formulaires ETIS. Une liste d’actions-clés a également été dressée dans le cadre de la feuille de route pour maintenir l’élan insufflé et les relations nouées au cours de ces trois jours d’atelier.

Le Dr Ngeh, Directeur Régional de TRAFFIC en Afrique Centrale, a témoigné de sa satisfaction quant aux résultats de l’atelier en déclarant : « Compte-tenu du fait que 74% des 46 participants n’avaient pas entendu parler d’ETIS avant cet atelier, je peux affirmer avec confiance et en m’appuyant sur ce taux que plus de 34 personnes ont désormais la capacité d’utiliser mieux ETIS ».

L’atelier a été organisé par TRAFFIC, sous les auspices du Ministère camerounais de la Forêt et de la Faune. Il a été mis en place en coopération avec GIZ, au nom et avec les financements du Ministère allemand de la Coopération économique et du Développement (BMZ). Il a été cofinancé par USAID, l’agence américaine pour le développement international.