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Published 02 mars 2015

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Les initiatives des communautés locales : un élément clé dans la protection de la vie sauvage

Muldersdrift, Afrique du Sud, 2 mars 2015 - A la veille de la Journée mondiale de la biodiversité exceptionnelle (3 mars), un ensemble de recommandations sur la participation des communautés locales à la lutte contre le commerce illégal d'espèces sauvages (CIES) à la source a été publié par un groupe de plus de 70 chercheurs, des représentants de communautés locales, des responsables gouvernementaux, des agences onusiennes et des ONG des cinq continents.


Les recommandations seront présentées aux conventions des Nations Unies sur le commerce international des espèces menacées (CIEM) et sur la diversité biologique (CDB) et un peu plus tard ce mois au plus haut niveau à la conférence IWT à Kasane, Botswana. Ces recommandations comprennent :

• Reconnaître le rôle central des communautés locales qui vivent à proximité de la faune sauvage dans le traitement et la lutte contre le CIES
• Veiller impérativement à prendre en compte les droits, les besoins et les priorités des communautés locales dans la conception des initiatives anti-CIES
• Identifier la frontière entre le CIES et l'utilisation légitime, durable et le commerce de ressources sauvages
• Soutenir le transfert des droits d'accès à la faune, à sa gestion et à son intendance à la plus petite échelle locale possible
• Encourager le développement de partenariats entre les communautés locales, les ONG de conservation de la nature et les organes de police dans la lutte contre le CIES

Intitulé Au-delà de la mise en œuvre : Communautés locales, gouvernance, incitations et engagement durable dans la lutte pour la protection de la vie sauvage, le symposium a examiné les moyens de faire participer les communautés locales vivant à proximité de la faune sauvage à travers le monde , pour protéger les principales espèces ciblées par le commerce illégal, tout en permettant aux communautés de veiller à leur propre avenir.

Le Dr Rosie Cooney, présidente de l’IUCN CEESP/SSC et spécialiste en développement durable et ressources primaires a déclaré : « Les approches impliquant les communautés locales dans la lutte pour la protection de la faune sauvage sont souvent été négligées au niveau international, notamment lorsqu’il s’agit des méthodes pour mettre fin à la criminalité touchant la faune sauvage, or les résultats du symposium montrent que plusieurs de ces approches détiennent les éléments clés pour mettre fin à ce commerce illicite. »

Des cas d’études sur le terrain, impliquant les communautés locales confrontées au commerce illégal d’espèces sauvage ont été réalisées en Afrique, en Amérique latine et en Asie, ainsi que de nouvelles recherches dans le monde entier sur un large éventail de sujets allant du système économique régissant le commerce illégal d'espèces sauvages aux théories de criminologie pour comprendre les facteurs incitant à la criminalité envers la faune sauvage.

Le ministre sud-africain des Affaires environnementales, Edna Molewa, s’est adressé aux participants du symposium, y compris les représentants des gouvernements de l'Autriche, du Botswana, de l'Allemagne, de la Namibie, de la Tanzanie, du Royaume-Uni et des États-Unis.

Nick Ahlers de TRAFFIC a déclaré : «L'engagement des communautés est crucial pour obtenir un succès dans la réduction du braconnage et le commerce illégal d'espèces sauvages. Nous sommes maintenant dans une période charnière de la lutte contre le braconnage, avec de nombreux pays actuellement engagés dans le processus de mise en œuvre de leurs plans d'action nationaux pour la protection de l'Ivoire, apportant un relief particulier aux recommandations du symposium qui se révèlent ainsi opportunes et pertinentes. »

Le commerce illégal d'espèces sauvages est de plus en plus répandu et impacte de manière croissante la prospérité des communautés locales et la conservation des espèces. Au cours des dernières années, il est devenu plus sophistiqué et dangereux.

Malgré l'attention mondiale sur la criminalité envers de la faune sauvage, les réponses internationales à ce jour ont principalement porté sur le renforcement des efforts d'application de la loi et la réduction de la demande des consommateurs pour les produits issus de la faune sauvage d'origine illégale. Un accent plus fort doit maintenant être mis sur le rôle des communautés autochtones et locales, et cela doit être inclus comme un enjeu important dans le cadre de discussions plus larges sur le développement durable.

Le Dr Dilys Roe, chef d'équipe biodiversité à l'Institut international pour l'environnement et le développement (IIED) a annoncé : « Les approches fondées sur le renforcement de la confiance, l'engagement et l'autonomisation des communautés, qui mettent les avantages sociaux et économiques de la conservation, sont tout aussi vitales que la mise en œuvre de lutte contre la criminalité sur la faune sauvage. Les gens devraient être en mesure de profiter d'activités telles que le tourisme lié à la faune sauvage ainsi qu’à son utilisation durable, tout en protégeant les espèces visées par le commerce illégal ».

La faune peut être un atout important pour les collectivités rurales, en leur fournissant une base pour l'investissement et le développement économique – par exemple à travers le tourisme ou le commerce de produits forestiers. L'épuisement de ce capital en raison du commerce illégal sape cette fondation, ce qui limite les options pour le développement durable local et national.

Les organisateurs espèrent que les importantes leçons acquises à l’occasion du colloque et qui consistent en la création d’une approche intégrée pour la lutte contre le commerce illégal d'espèces sauvages seront partagées avec d'autres secteurs en dehors du monde de la conservation et bénéficieront ainsi du succès de cette approche dans la lutte contre le braconnage.

Le symposium a été organisé par l'Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) CPEES / SSC, le groupe développement durable et moyens de subsistance (DDMS), l’Institut international pour l'environnement et le développement (IIED), le Ministère autrichien de l'Environnement, l'Université de Queensland / ARC Centre d'excellence pour les décisions environnementales (CEED), l'Université du Nord-Ouest (Afrique du Sud) - Centre africain d'études en cas de catastrophe et TRAFFIC - le réseau de surveillance du commerce de la faune sauvage.

Les organisateurs sont reconnaissants du soutien apporté au symposium par GIZ et l'USAID.


Notes:

L’ENSEMBLE DES RECOMMANDATIONS DU GROUPE :
Gouvernements, organisations internationales, ONG, agences de développement, donateurs et politiques, lorsqu’ils élaborent et mettent en œuvre des approches pour répondre au CIES, devraient :

• Reconnaître le rôle central des communautés locales qui vivent à proximité de la faune dans le traitement et la lutte contre le CIES
• Veiller impérativement à prendre en compte les droits, les besoins et les priorités des communautés locales dans la conception des initiatives anti-CIES
• Identifier la frontière entre le CIES et l'utilisation légitime, durable et le commerce de ressources sauvages
• Soutenir le transfert des droits d'accès à la faune, à sa gestion et à son intendance à la plus petite échelle locale possible
• Reconnaitre que les formes de développement durable qui impliquent le retrait de certains animaux d'une population ont abouti à des succès significatifs dans la conservation de certaines espèces qui sont actuellement l'objet de CIES
• Encourager le développement de partenariats entre les communautés locales, les ONG de conservation de la nature et les organes de police dans la lutte contre le CIES 
• Reconnaître le rôle du secteur privé, et le partenariat du secteur privé-communautés locales, afin de promouvoir les bénéfices apportés par la protection de la faune sauvage dans l'engagement des communautés locales dans la conservation
• Reconnaître le rôle central de la protection de la faune sauvage et les revenus générés par celle-ci afin de lutter contre les incitations notamment économiques à s’engager dans le CIES
• Reconnaître et soutenir la valeur de la reconnaissance et de la récompense comme un important générateur d'avantages pour contrer les incitations au braconnage 
• S’assurer que les efforts de mise en œuvre des approches locales prennent bien en compte les impacts négatifs potentiels sur les communautés locales et sont accompagnés par des mécanismes de correction
• Appliquer des sanctions qui peuvent saper les incitations positives pour les collectivités à travailler avec les gouvernements dans la lutte contre le CIES
Les gouvernements et les organisations internationales devraient :
• Reconnaître, soutenir et fournir un environnement propice à la possibilité pour les collectivités de bénéficier directement de la mise en place de la conservation et de l'utilisation durable de la faune sauvage comme un moyen de lutter contre le CIES