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Published 06 mars 2014

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Le braconnage et le commerce illégal d'espèces sauvages menacent les options de tourisme et de développement en Afrique

Berlin, Allemagne, le 6 mars 2014 – A l’occasion  d'une manifestation qui s'est tenue aujourd’hui à Berlin,  en Allemagne, pendant l'ITB – Le plus grand salon du tourisme au monde – les intervenants ont souscrit  à l’idée que les niveaux de braconnage des rhinocéros et des éléphants ne menacent pas seulement la base du tourisme, mais les options de développement également axé sur le tourisme en Afrique.


© GIZ

Dans son allocution d’ouverture, l’hon. Moïse Kalongashawa , Ministre du Tourisme et de la Culture au Malawi, et président de la Communauté de Développement d'Afrique australe (CDAC) des ministres responsables du tourisme a fait remarquer que la question du braconnage  constitue une préoccupation énorme, et l'Afrique est en train de perdre sa faune à des taux records chaque année du fait des braconniers et du commerce illégal. Pour lui, ceci est du à l'implication des organisations criminelles dans le braconnage des éléphants et des rhinocéros, avec des criminels qui déploient  les technologies de pointe allant de lunettes de vision nocturne , des armes silencieuses, des matériels dardant et les hélicoptères, pour mener à bien leurs missions.

Dans le discours suivant, M. Les Carlisle, Directeur de Conservation à &beyond, un opérateur de loge safari axé sur la conservation en Afrique et en Asie, a réfléchi sur le défi du braconnage du point de vue du secteur privé. Il a souligné que le braconnage représente une menace critique pour les opérations touristiques axées sur la faune, et que le secteur privé joue un rôle important pour faire face à ce grave problème. Il a souligné l'importance de travailler en étroite collaboration avec les communautés locales, et d'assurer un revenu et des avantages à long terme, qui sont essentiels pour la protection de la faune et le maintien des parcs. Selon M. Carlisle, «L'investissement dans le développement des communautés locales autour des aires fauniques de notre entreprise produit vraiment des dividendes dans l'intelligence requise pour les actions proactives de lutte contre le braconnage."

M. Sem Shikongo, Directeur du Tourisme et de la Chasse Sportive au Ministère Namibien de l'Environnement et du Tourisme, et Président du Comité de l'Organisation Régionale du Tourisme de l'Afrique australe (ORTAU), a confirmé que les initiatives communautaires en Namibie souffrent déjà de l'impact du braconnage, et que la criminalité faunique prive l'Afrique de ses options de développement basées sur le tourisme.

Klemens Riha de la GIZ a expliqué l'approche novatrice de l'Allemagne pour aider à lutter contre le braconnage et le commerce illicite de la faune africaine. En présentant la collaboration de cinq ministères fédéraux allemands grâce a un Projet sur la Lutte Contre le Braconnage et le Commerce illégal de l’ivoire /les cornes de rhinocéros, [1], M. Riha a réitéré qu’une coopération efficace est essentielle pour lutter contre cette criminalité très organisée. En tant que coordonnateur  du projet à la GIZ, il a ajouté que " le braconnage et le commerce illégal de la faune affectent non seulement la conservation des espèces ciblées, qui sont déjà en voie de disparition dans de nombreux endroits, mais aussi de plus en plus les moyens de subsistance et la sécurité des populations humaines touchées. "

Interrogé sur les principales mesures à mettre en œuvre à l'échelle mondiale pour lutter contre la crise du braconnage en Afrique à court et à long terme, Roland Melisch, Directeur du Programme TRAFFIC pour l'Afrique et l'Europe, a répondu: "les trois éléments essentiels nécessaires pour lutter contre cette crise sont: la montée en puissance des mesures anti-braconnage, la fermeture des routes commerciales illégales en utilisant la technologie dernier cri le long de la chaîne commerciale, et le  soutien aux  efforts visant à réduire la demande illicite des espèces sauvages d’Afrique en Asie. »  

Les syndicats organisés de contrebande ne peuvent être combattus que par le déploiement de technologies médico-légales de pointe, et en renforçant la capacité des agents d'application de la loi en Afrique et en Asie dans l'utilisation de ces technologies modernes - adaptés aux besoins  d’un pays à l’autre. 
En outre, les efforts du gouvernement visant la réduction de l'offre et la demande de produits illégaux de la faune sauvage en Asie doivent être fortement soutenus. 
Du point de vue des Parcs Nationaux Sud-Africains (PNSA), Joep Stevens, Directeur Général des Services Touristiques Stratégiques, a dit que les PNSA deviennent de plus en plus sophistiqués dans leur lutte contre le braconnage. "Nous sommes en train de nous engager à des zones de protection intensive (ZPI) technologiquement avancées, des missions anti-braconnage guidées  par une intelligence proactive et un développent créatif des choix économiques pour les communautés,"  a-t-il souligné à l'auditoire.

Il est devenu évident que les "Big 5" (espèces phares sur le plan touristique) de la faune africaine (éléphant, rhinocéros, lion, léopard et le buffle) sont extrêmement importants pour l'industrie du tourisme en termes de développement de produits ainsi qu’en marketing. Pour les populations locales, les safaris photos et le tourisme de chasse aux trophées sont des plus values à l'acceptation des aires protégées en fournissant des subventions économiques durables et une alternative au braconnage.

Les participants ont conclu que le renforcement de la collaboration du personnel en charge de l’application de la loi au niveau national et au-delà est une pierre angulaire de la lutte contre le braconnage et la clé pour protéger les futures options de développement durable pour les zones rurales de l’Afrique.

L'événement a été animé par Jennifer Seif, Directeur Exécutif de Fair Trade Tourism,  et organisé conjointement par l'Organisation Régionale du Tourisme de l'Afrique australe (ORTAU) en coopération  avec l’agence de Coopération  Allemande pour le Développement International (GIZ) société à responsabilité limitée, et financée par le Ministère Fédéral Allemand de la Coopération Economique et du Développement (BMZ ) .


Notes:

[1] Le projet combine les efforts conjoints de cinq ministères fédéraux allemands, à savoir, le Ministère de la Coopération économique et du Développement (BMZ), le Ministère de l'Environnement, Conservation de la Nature, du Bâtiment et de Sûreté nucléaire (BMUB), le Ministère des Affaires étrangères (AA), le Ministère des Finances (BMF) et le Ministère de l'Intérieur (BMI), la mise en commun de leur expertise et de ressources notamment pour des activités conjointes. Le projet collabore également étroitement avec la société civile, notamment avec  trois ONG internationales, Société Zoologique de Francfort, TRAFFIC et le WWF.