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Published 30 mai 2013

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Appel a S.E. Paul Biya de sauver les éléphants du Cameroun

Yaoundé, Cameroun, 30 mai 2013—Les éléphants de l’Afrique Centrale sont sur le point de disparaître. Une étude récente  montre que les populations d’éléphants de forêt ont chuté de presque deux tiers – ou 62% – au cours des dix dernières années, victimes du grand braconnage d’ivoire. Dans les zones forestières du sud-est Cameroun, par exemple, ceci représente plusieurs milliers d’éléphants de forêt depuis 2002.


© Martin Harvey / WWF-Canon

Cette activité vient au détriment des perspectives écologiques et économiques de ce pays riche d'une très forte biodiversité.

Mais plus grave encore, et comme l’a reconnu le Secrétaire-Général des Nations Unies hier, cette activité a un impact dramatique sur la sécurité et la paix dans la région.

En effet Mr. Ban Ki Moon, dans un rapport au Conseil de Sécurité, a indiqué que « le braconnage et ses liens potentiels avec d’autres activités criminelles, et terroristes, constituent une grave menace pour la paix et la sécurité en Afrique Centrale. »

« J’appelle les gouvernements de la sous-région à considérer le braconnage comme une activité avec des conséquences sur la sécurité au niveau régional et sous régional, qui requièrent une action concertées et coordonnées. »

Sans action, il est probable que l’éléphant – le plus grand mammifère terrestre de la planète – suivra les traces du rhinocéros en Afrique Centrale, chassé jusqu’à l’extinction pour ses cornes.

Et le président du Cameroun, Son Excellence Paul Biya, reconnait implicitement déjà le danger lié à la criminalité faunique.

En effet le gouvernement du Cameroun a mobilisé les forces d'élites du pays – le Bataillon d’Intervention Rapide – à défendre les richesses naturelles contre les braconniers étrangers.

Mais il faut aller plus loin pour gagner cette guerre contre les réseaux internationaux qui mènent cette criminalité, et sauver les éléphants qui sont qualifiés d’héritage naturel universel de l’Humanité par la Communauté Economique des Etats de l’Afrique Centrale, Institution qui a aussi déclaré Son Excellence Paul Biya comme ambassadeur contre le  braconnage. 

Pour sauver cet héritage, il est impératif, et dans les plus brefs délais, que les services de la Présidence de la République du Cameroun dirigent le combat contre la criminalité faunique, et cela en pilotant une Unité de Coordination Nationale (UCN). Cette unité, composée d’experts issus des administrations de la Primature, de la Contre-ingérence, de la Justice, de la Faune, de la Police, de la Douane et de la Défense, coordonnera les résultats du renseignement, des opérations de terrain, des poursuites judiciaires, et la collaboration avec les partenaires techniques.

Au niveau supranational, cette UCN devra se coordonner avec les pays de la région, en fonction de l’information et de l’urgence de la situation. Cette unité partagera les informations avec ses homologues dans les pays qui ont des liens prouvés avec les problèmes constatés – y inclus les pays de transit des produits illégaux de la faune comme le Nigeria, le Soudan, le Togo et la Guinée Conakry – et avec des organisations internationales spécialisées comme INTERPOL.
De plus, le Cameroun devrait rapidement :

    Signaler aux braconniers et aux réseaux mafieux de trafiquants que l’héritage naturel universel de la sous-région sera défendu.

    Adopter une attitude de « zéro tolérance » contre la corruption – Le trafic d’influence, l’abus de pouvoir et d’autres formes de corruption sont les premiers obstacles à l’application effective des lois contre les grands trafiquants de produits illégaux fauniques au Cameroun. 

    Renforcer l’application effective de la Loi contre les criminels fauniques, mais aussi contre la vente d’armes et de munitions de type grande chasse. Les armes et munitions saisies en flagrant délit ou « sans papiers » devraient être systématiquement détruites.

    Faire un audit indépendant des stocks d’ivoires saisis, et les détruire publiquement pour montrer aux criminels fauniques que voler les richesses naturelles du pays ne profite à personne et ne sera pas toléré.

    Initier un dialogue avec les pays consommateurs – La Chine et la Thaïlande sont respectivement le plus grand consommateur et le plus grand point de vente légal d’ivoire du monde. A long terme, la survie des éléphants en Afrique Centrale et dans le monde dépendra du tarissement de la demande internationale d’ivoire. Ainsi, il est essentiel que les Etats de l’Afrique Centrale entament des dialogues bilatéraux avec la Chine et la Thaïlande, en leur expliquant les conséquences écologiques, économiques et sécuritaires de leur demande d’ivoire pour la sous-région. 

Le Cameroun, en déployant le BIR au nord du pays, en menant des patrouille contre les braconniers, travaille déjà fort pour mettre fin au braconnage – et ceci avec beaucoup de succès, car les braconniers soudanais ont été empêché de répéter le massacre de l’année dernière. Cela dit, le temps presse, et les criminels fauniques ont encore largement le dessus. Nous sommes donc ici pour demander au Cameroun de redoubler ses efforts pour sauver ses éléphants.

Nous nous réjouissons de continuer à travailler aux côtés des Etats de l’Afrique Centrale pour mettre fin au grand braconnage et à la criminalité faunique.

Le temps des discussions est fini. Passons à l’action!

1 Devastating Decline of Forest Elephants in Central Africa – PloSOne 4 mars 2013.
2 Déclaration sur la Lutte Anti-Braconnage en Afrique Centrale – Réunion d’Urgence des Ministres de la CEEAC le 21-23 mars 2013.